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Qui sont donc vraiment les patients insatisfaits d'une chirurgie esthétique ?

Dans une très intéressante étude parue dans le journal plastic and reconstructive surgery, parue en décembre 2021 volume 148 numéro 6 page 1233 et signée par les très expérimentés chirurgiens réparateurs américains, Mark Constantian et Nick Zaborek, se trouve une étude rétrospective portant sur le vécu de la honte corporelle chez 218 patients non satisfaits de leur opération de chirurgie plastique ou esthétique.

Ces patients ont été soumis à un interrogatoire précis afin de retrouver les causes de leur mal être.

Ce qui est tout à fait frappant et qu'ils ont retrouvé dans cette cohorte près de 80 % des cas des antécédents de maltraitance infantile :

1) pression émotionnelle exagérée (41%)

2) abandon émotionnel (38%)

3) abus sexuel intrafamilial (36%)

4) présence d'une pathologie mentale familiale (29%)

5) consommation exagérée d’alcool ou de drogues, etc…

Au total 52 % des patients présentant une insatisfaction post-opératoire après un acte chirurgical de chirurgie plastique mentionnaient une honte de leur corps avant toute opération ;

Près de la moitié de ces patients ont demandé une retouche de leurs opérations, voire une réfection de celle-ci ; ils ne sont pas loin de la dysmorphophobie…

Les auteurs plaident pour que soit établi un score préopératoire d’exposition à la maltraitance infantile, établi pour chaque patient demandant une chirurgie esthétique ou réparatrice ; cela afin que l’opérateur puisse se confronter en toute connaissance de cause à ces personnalités très variables, présentant un simple complexe jusqu’à une vraie pathologie de type dysmorphophobie, ou même porteur de tendances paranoïaques.

La très forte incidence de la honte corporelle préopératoire pourrait ainsi être reconnue, et soignée avant l'acte opératoire lui-même ; car ce sont ces patients victimes de maltraitance infantile qui présentent le plus de risques de refus d’adhérer à un résultat opératoire apparemment satisfaisant, et qui aurait été très bien intégré en l'absence d'une personnalité déstabilisée par cette enfance mal vécue.

Ces statistiques concernent aussi bien la chirurgie esthétique et réparatrice du visage que celle concernant le corps.

Les auteurs concluent que la honte corporelle est la conséquence et aucunement la cause du complexe physique allégué, c’est l'aboutissement habituel de la maltraitance infantile, quel qu'en soit le type ; la dévalorisation occasionnée par cette souffrance infantile ressurgit plus tard dans des complexes physiques qui peuvent pousser à la demande d'opération dont il s'avère quelle sera de toute façon mal acceptée, génératrice de doléances, d’insatisfactions, de demande de retouche opératoire, voire d'agressivité vis-à-vis de l'opérateur...

Il ne s'agit pas seulement de patients présentant des signes de dysmorphophobie pathologique, mes de patients pour lesquels on ne peut pas imaginer un tel passé lourd et insupportable, si on n'avait pas osé leur poser la question d'une éventuelle maltraitance infantile...

La honte de son propre corps ou même une simple insatisfaction ou un complexe léger ne sont donc qu'un symptôme après une enfance chaotique, et non pas la cause en elle-même de ce complexe, selon l'affirmation du docteur Constantian.

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